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Deux essais randomisés montrent les effets du Ruxolitinib 1,5% crème dans le vitiligo

Publié le 6 décembre 2022

L’équipe du service de Dermatologie de l’Hôpital Henri-Mondor AP-HP et l’équipe de recherche EpiDermE (Epidemiology in Dermatology and Evaluation of Therapeutics), EA7379 de l’Université Paris-Est Créteil, ont conduit deux essais testant l’efficacité du Ruxolitinib 1.5% dans le vitiligo.

Vitiligo_UPEC_Shutterstock_2017926296
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Les résultats de ces études, financées par Incyte, ont été publiés dans le New England Journal of Medecine le 20 octobre 2022.

Le vitiligo est une maladie dépigmentante chronique d’étiologie auto-immune.

Aucun traitement n’a à ce jour reçu d’autorisation de mise sur le marché pour traiter le vitiligo alors même que la maladie est associée à un impact majeur sur la qualité de vie et à une prévalence élevée de comorbidités psychiatriques, en particulier chez les patients ayant une atteinte des zones visibles comme le visage.

Le rôle de l'interféron-γ dans la pathogénèse du vitiligo et l’implication de la voie transducteur de signal et de l'activateur de transcription (STAT) de la Janus kinase (JAK) est maintenant bien établi [1].

Dans un essai contrôlé randomisé de phase 2, un traitement deux fois par jour avec une formulation en crème de ruxolitinib à 1,5 %, un inhibiteur de Janus kinase 1 (JAK1) et 2 (JAK2), a entraîné une repigmentation faciale chez 45 % des patients à la semaine 24, caractérisée par une amélioration de plus de 50 % du score de l'indice de sévérité du vitiligo facial (F-VASI 50) par rapport au véhicule témoin (crème non médicamenteuse), depuis le début du traitement. De plus, 30 % des patients qui ont appliqué la crème de ruxolitinib à 1,5 % deux fois par jour ont obtenu une amélioration de plus de 75 % (F-VASI 75) par rapport à l'état initial de l'indice de gravité du vitiligo facial [2].

Pour faire suite à cet essai de phase 2, deux essais de phase 3 (TRuE-V1, conduit du 20 septembre 2019 au 21 octobre 2021 et TRuE-V2, mené du 3 octobre 2019 au 1er octobre 2021) ont été conduits en double aveugle. Ils étudiaient l’application de Ruxolitinib versus véhicule (placebo).

330 et 344 patients âgés de 12 ans ou plus, atteints de vitiligo non segmentaire avec une dépigmentation couvrant 10 % ou moins de la surface corporelle totale ont respectivement été inclus dans TRuE-V1 et TRuE-V2, en Amérique du Nord et en Europe.

Les patients devaient également avoir des scores de 0,5 ou plus sur le F-VASI [3] et des scores de 3 ou plus sur l'indice total de notation de la surface du vitiligo (T-VASI) [4].

Le critère d'évaluation principal était l’amélioration d'au moins 75% par rapport au score de base du Facial-Vitiligo Area Severity Index (F-VASI 75) du vitiligo du visage.

Cinq critères d'évaluation secondaires étaient également mesurés parmi lesquels, l'amélioration des réponses sur l'échelle du Vitiligo Noticeability Score (VNS) [5].

Les patients devaient selon le groupe auquel ils appartenaient appliquer le ruxolitinib à 1,5% en crème ou le véhicule (placebo) deux fois par jour pendant 24 semaines sur toutes les zones de vitiligo du visage et du corps.

Au bout de 24 semaines, tous les patients recevaient le traitement (ruxolitinib à 1,5% en crème) jusqu'à la semaine 52.

Dans l'étude TRuE-V1, environ 66 des 221 patients (29,8 %) dans le groupe ruxolitinib-crème et 8 des 109 patients (7,4 %) dans le groupe excipient avaient un F- Réponse VASI75 à la semaine 24.

Dans TRuE-V2, environ 69 des 222 patients (30,9 %) du groupe ruxolitinib-crème et 12 des 109 patients (11,4 %) du groupe excipient ont eu une telle réponse.

Dans ces deux essais de phase 3, la crème de ruxolitinib a montré une supériorité par rapport au véhicule témoin dans la repigmentation du vitiligo.

Des essais plus importants et plus longs sont nécessaires pour déterminer l'effet et les risques de la crème de ruxolitinib pour le traitement du vitiligo.


Référence : David Rosmarin, Thierry Passeron, Amit G. Pandya, Pearl Grimes, John E. Harris, Seemal R. Desai, Mark Lebwohl, Mireille Ruer-Mulard, Julien Seneschal, Albert Wolkerstorfer, Deanna Kornacki, Kang Sun, Kathleen Butler, Khaled Ezzedine for the TRuE-V Study Group. New England Journal of Medicine

[1] Rashighi M, Harris JE. Interfering with the IFN-γ/CXCL10 pathway to develop new targeted treatments for vitiligo. Ann Transl Med 2015;3:343-343.

[2] Rosmarin D, Pandya AG, Lebwohl M, et al. Ruxolitinib cream for treatment of vitiligo: a randomised, controlled, phase 2 trial. Lancet 2020;396:110-120.

[3] score de 0 à 3, les scores les plus élevés représentant une plus grande zone de dépigmentation faciale sur le front jusqu'à la racine des cheveux d'origine, les joues jusqu'à la mâchoire verticalement et latéralement du coin de la bouche au tragus, au nez et aux paupières

[4] plage de 0 à 100, les scores les plus élevés indiquant une plus grande surface de dépigmentation corporelle totale sur la tête ou le cou, y compris le cuir chevelu ; le tronc, y compris les organes génitaux ; membres supérieurs, y compris les aisselles ; les mains ; les membres inférieurs, y compris les fesses ; et les pieds).

[5] score d’évaluation global de la sévérité du vitiligo par le patient lui-même