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José Oliveira, docteur de l’IMRB, distingué pour sa thèse sur les troubles bipolaires

Publié le 1 février 2017

La thèse de sciences de José Oliveira « diversité génétique des molécules de réponse immunitaire innée dans les troubles bipolaires » vient d’être saluée par le prix de thèse Université Paris Est le 8 novembre 2016. Elle a été co-dirigée par Marion Leboyer et Ryad Tamouza.

Date(s)

le 8 novembre 2016

Quel est votre parcours universitaire ?

Diplômé en médecine de l’université de Coimbra au Portugal depuis 2008, j’ai ensuite été interne en psychiatrie au centre hospitalier psychiatrique de Lisbonne. En 2011, j’ai fait le choix d’interrompre mon internat  au Portugal pour venir à l’UPEC préparer une thèse de sciences sur la « diversité génétique des molécules de réponse immunitaire innée dans les troubles bipolaires », au sein du  laboratoire « psychiatrie translationnelle » à l’IMRB (UMR 955),  en étroite collaboration avec le laboratoire « alloimmunité-autoimmunité-transplantation "(UMR 1160) dans l’Institut Universitaire d’Hématologie à Paris.
J’ai effectué ma thèse sous la direction  du Professeur Marion Leboyer (équipe 15 de l’IMRB) et du Docteur Ryad Tamouza (UMR 1160).

Quelles sont les grandes lignes de votre thèse ?

Ma thèse a porté sur les marqueurs immunogénétiques liés à la réponse immunitaire innée et la potentielle interaction avec des facteurs environnementaux à risque dans une pathologie psychiatrique, les troubles bipolaires, définis par l’alternance d’épisodes dépressifs et maniaques, chronique, multifactoriel et multi-systémique avec une morbidité, mortalité et fardeau socio-économique très élevée. Les troubles bipolaires, sont une pathologie fréquente, qui concerne 1% de la population.
Mieux comprendre les bases de l’étiologie est fondamental pour améliorer le diagnostic, la prise en charge et le pronostic des patients. Le dysfonctionnement du système immunitaire semble être parallèle à l’apparition, la progression ainsi qu’au développement de comorbidités psychiatriques et somatiques. Une inflammation chronique de bas grade peut être conséquence de l’exposition cumulative, au cours du développement, à des facteurs de risque tels que les infections ou les facteurs de stress psychosociaux chez les individus vulnérables.

Quels enjeux votre thèse souligne-t-elle ?

J’ai exploré cette hypothèse en analysant les associations génétiques entres des acteurs centraux de la réponse immunitaire innée, les récepteurs de reconnaissance de motifs moléculaires, TLR2, TLR4 et NOD2 et les troubles bipolaires. Ce travail a permis de montrer des associations génétiques entre TLR4 et NOD2 et les troubles bipolaires, suggérant une vulnérabilité génétique à l’exposition aux pathogènes chez ses individus. En plus, l’association avec TLR4 était restreinte au sous-groupe à début précoce et un polymorphisme de TLR2 a été observé significativement plus souvent chez les patients à début précoce qu’à début tardif, confortant l’hypothèse que les facteurs génétiques ont un poids plus important dans les troubles bipolaires d’apparition précoce (avant l’âge de 21 ans).
Les traumatismes sévères de l’enfance sont des facteurs de risque associés au développement de plusieurs maladies chroniques, psychiatriques et autres. Nous avons aussi observé l’effet cumulatif d’un polymorphisme de TLR2 rs3804099 TT avec antécédents d’abus sexuels dans l’enfance, sur la détermination d’un âge de début de la maladie plus précoce. Ces résultats sont en faveur d’un modèle dans lequel une vulnérabilité génétique liée au système immunitaire contribuerait à des réponses inadaptées aux infections périnatales baissant le seuil pour les effets adverses des stress ultérieurs.

Ce travail de thèse a été à l’origine de plusieurs publications, parmi lesquelles
> PubMed
> Journals plos
> Springer Open

Pourquoi, selon vous, votre thèse a-t-elle été récompensée ?

Malgré l’intérêt et la curiosité de la population sur la psychiatrie et la santé mentale, ce domaine reste encore à nos jours peu investi. Or, l’impact des maladies mentales, pour l’individu affecté comme pour la société, est très important. En tant que médecin, j’insère mon travail de thèse dans le cadre de la recherche translationnelle. J’essaie d’explorer et de mettre en lien la vulnérabilité génétique liée au système immunitaire avec les facteurs de risque de l’environnement tels que les infections et le stress.
Je crois que cette thèse a été récompensée pour son originalité et pour la contribution potentielle que ces résultats peuvent apporter à l’avancement de la connaissance dans ce domaine.
Je veux souligner aussi dans cette récompense le rôle de l’expertise des deux laboratoires de mes deux directeurs de thèse.

Que diriez-vous par rapport à l’encadrement de thèse dont vous avez disposé ?

L’encadrement de la thèse a été partagé entre le Pr Marion Leboyer, psychiatre et le Dr Ryad Tamouza, immunologiste, une collaboration enrichie par des expertises complémentaires. Cela a été fondamental pour l’acquisition des compétences nécessaires pour le développement de l’immuno-psychiatrie.
Je souhaite également souligner l’importance de la Fondation FondaMental dont l’UPEC est un des membres fondateurs. Elle fournit un terreau fertile aux progrès de la psychiatrie en France et donne de nouveaux espoirs à ceux qui souffrent de maladies psychiatriques et à leurs familles.
Le soutien de l’École Doctorale Sciences de la Vie et la Santé, a également été décisif, notamment pour ce qui concerne des offres de formation dans le domaine de la génétique et biologie moléculaire, des soutiens financiers pour assister et présenter les travaux en congrès, des cours de français. Je tiens aussi à souligner le travail indispensable du bureau d’accueil pour les chercheurs et les étudiants étrangers.

Quelles perspectives professionnelles envisagez-vous désormais ?
Actuellement interne en psychiatrie à Lisbonne, je souhaite intégrer l’expertise acquise pendant le doctorat, qui m’a permis de me former dans le domaine de l’immuno-psychiatrie. Cela représente un élément important dans l’objectif d’une future carrière médicale en santé mentale, en lien avec la recherche.