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Adrien Louis, docteur du LIS, distingué pour sa thèse sur Léo Strauss
Publié le 2 mars 2015
La thèse en philosophie d’Adrien Louis «Le phénomène politique dans l’œuvre de Léo Strauss» vient d’être saluée par le prix de thèse Université Paris Est. Elle a été dirigée par Monique Castillo.
Date(s)
le 2 mars 2015
Quel est votre parcours universitaire ?
Il est simple et presque rectiligne ! Après mon bac, je voulais faire de la photographie, mais le système de l’admission post bac m’a conduit à faire une année de lettres modernes, sans grande conviction. Ensuite, beaucoup plus convaincu, je suis entré comme étudiant en DEUG de philosophie à l’université Paris XII Créteil, et j’en suis sorti 12 ans plus tard avec mon doctorat. Mon seul écart a été un an passé à l’Ecole Nationale Supérieure de la rue d’Ulm, où j’avais été admis à préparer l’agrégation.
Pendant ma thèse, j’ai également été associé aux travaux des doctorants du centre Raymond Aron à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, puisque j’y avais mon co-directeur de thèse Pierre Manent.
J’ai bénéficié d’une allocation ministérielle de 3 ans au début de ma thèse, et d’une charge de cours à l’UPEC durant 4 ans, comme moniteur puis comme attaché temporaire d’enseignement et de recherche.
Quelles sont les grandes lignes de votre thèse ?
Ma thèse porte sur la manière dont le philosophe Leo Strauss, né en 1899 en Allemagne et mort en 1973 aux Etats-Unis, a compris la politique moderne d’un côté, et a cherché à retrouver la compréhension que les philosophes anciens avaient des phénomènes politiques, d’un autre côté.
Ce que ma thèse peut apporter aux études sur Leo Strauss est à mon sens de le considérer comme un auteur nous donnant les moyens de penser les choses politiques, car cela n’est pas si évident lorsqu’on parcourt son œuvre.
Quant à ce que ma thèse peut apporter sur la compréhension de la politique, c’est peut-être une sensibilité au rôle de la raison dans la politique moderne, et à la manière dont nous comprenons ou mobilisons aujourd’hui la raison.
C’est le thème central de Strauss : le rapport de raison à la politique, et la manière dont ce rapport a été pensé chez les philosophes modernes, qui ont jeté les fondements de la démocratie libérale dans laquelle nous vivons, et chez les Anciens, qui ont montré une attitude plus réservée et qui pensaient que la vie sociale ne pouvait pas être parfaitement rationnelle.
Enfin, j’espère que ma thèse peut aussi montrer qu’il y a, en dépit des évidences, de sérieux arguments pour retourner à la manière dont les philosophes anciens comprenaient les choses politiques.
Quels enjeux votre thèse souligne-t-elle ?
Dès les années 1930, Strauss a mis son œuvre sous le signe de ce qui lui semblait être une crise profonde des démocraties libérales. Les démocraties libérales, selon lui, doutaient de plus en plus profondément des capacités de la raison à orienter l’action des hommes et à défendre les valeurs fondatrices du libéralisme politique.
Aujourd’hui, quelle est notre situation à cet égard ? En Europe, chaque conquête de droits nouveaux apparaît comme une nouvelle victoire de la raison, et par conséquent, toute résistance à l’énoncé de ces nouveaux droits est presque spontanément disqualifiée comme « réactionnaire » ou archaïque. Nous serions tentés de dire que sur un certain nombre de points, nous ne doutons pas vraiment de représenter « la raison ».
Mais dans le même temps, notre raison est singulièrement impuissante à nous guider positivement vers une action commune. Notre raison nous autorise toujours plus, mais nous guide toujours moins. C’est un enjeu de ma thèse que de comprendre cette étrange situation, où la raison semble simultanément toute puissante et impuissante.
Pourquoi selon vous votre thèse a-t-elle été récompensée ?
Comment le savoir ! Sans doute ai-je su contribuer à la recherche en montrant l’œuvre de Leo Strauss sous un nouveau jour, et par ailleurs, j’ai su orienter mon travail sur des enjeux actuels.
Je dirais simplement, et sans fausse modestie, qu’il entre aussi un facteur chance dans l’accomplissement d’une thèse.
Que diriez-vous par rapport à l’encadrement de thèse dont vous avez bénéficié ?
J’ai eu deux directeurs, et deux structures d’accueil.
A Créteil, sous la direction de Madame Castillo, j’ai été tout de suite invité par elle à participer à une journée d’études et donc à écrire et à publier rapidement. C’est aussi à Créteil que nous avons eu l’opportunité d’organiser, avec d’autres doctorants, une journée d’études sur l’art de gouverner, et même de commencer à organiser des ateliers de doctorants en philosophie politique. Cela n’existait pas à l’époque où je suis arrivé en doctorat.
J’ai découvert cette pratique de réunion de doctorants pour discuter d’un chapitre de thèse, d’un article... au centre Aron de l’EHESS. Cela me paraît extrêmement important car il est très facile de se sentir isolé sans cela.
Quels développements ultérieurs envisagez-vous pour vos travaux de recherche ?
J’ai signé un contrat avec les éditions du CNRS pour la publication d’un livre tiré de ma thèse, qui devrait paraître courant 2016.
Pour la suite, j’ai maintenant pour projet de mener une recherche sur la question de l’excellence et de l’amitié en politique. Il s’agit à la fois d’examiner l’attitude de nos démocraties libérales vis-à-vis de l’idée d’excellence, et de faire revivre les réflexions de certains philosophes classiques sur ces thèmes.
Il est simple et presque rectiligne ! Après mon bac, je voulais faire de la photographie, mais le système de l’admission post bac m’a conduit à faire une année de lettres modernes, sans grande conviction. Ensuite, beaucoup plus convaincu, je suis entré comme étudiant en DEUG de philosophie à l’université Paris XII Créteil, et j’en suis sorti 12 ans plus tard avec mon doctorat. Mon seul écart a été un an passé à l’Ecole Nationale Supérieure de la rue d’Ulm, où j’avais été admis à préparer l’agrégation.
Pendant ma thèse, j’ai également été associé aux travaux des doctorants du centre Raymond Aron à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, puisque j’y avais mon co-directeur de thèse Pierre Manent.
J’ai bénéficié d’une allocation ministérielle de 3 ans au début de ma thèse, et d’une charge de cours à l’UPEC durant 4 ans, comme moniteur puis comme attaché temporaire d’enseignement et de recherche.
Quelles sont les grandes lignes de votre thèse ?
Ma thèse porte sur la manière dont le philosophe Leo Strauss, né en 1899 en Allemagne et mort en 1973 aux Etats-Unis, a compris la politique moderne d’un côté, et a cherché à retrouver la compréhension que les philosophes anciens avaient des phénomènes politiques, d’un autre côté.
Ce que ma thèse peut apporter aux études sur Leo Strauss est à mon sens de le considérer comme un auteur nous donnant les moyens de penser les choses politiques, car cela n’est pas si évident lorsqu’on parcourt son œuvre.
Quant à ce que ma thèse peut apporter sur la compréhension de la politique, c’est peut-être une sensibilité au rôle de la raison dans la politique moderne, et à la manière dont nous comprenons ou mobilisons aujourd’hui la raison.
C’est le thème central de Strauss : le rapport de raison à la politique, et la manière dont ce rapport a été pensé chez les philosophes modernes, qui ont jeté les fondements de la démocratie libérale dans laquelle nous vivons, et chez les Anciens, qui ont montré une attitude plus réservée et qui pensaient que la vie sociale ne pouvait pas être parfaitement rationnelle.
Enfin, j’espère que ma thèse peut aussi montrer qu’il y a, en dépit des évidences, de sérieux arguments pour retourner à la manière dont les philosophes anciens comprenaient les choses politiques.
Quels enjeux votre thèse souligne-t-elle ?
Dès les années 1930, Strauss a mis son œuvre sous le signe de ce qui lui semblait être une crise profonde des démocraties libérales. Les démocraties libérales, selon lui, doutaient de plus en plus profondément des capacités de la raison à orienter l’action des hommes et à défendre les valeurs fondatrices du libéralisme politique.
Aujourd’hui, quelle est notre situation à cet égard ? En Europe, chaque conquête de droits nouveaux apparaît comme une nouvelle victoire de la raison, et par conséquent, toute résistance à l’énoncé de ces nouveaux droits est presque spontanément disqualifiée comme « réactionnaire » ou archaïque. Nous serions tentés de dire que sur un certain nombre de points, nous ne doutons pas vraiment de représenter « la raison ».
Mais dans le même temps, notre raison est singulièrement impuissante à nous guider positivement vers une action commune. Notre raison nous autorise toujours plus, mais nous guide toujours moins. C’est un enjeu de ma thèse que de comprendre cette étrange situation, où la raison semble simultanément toute puissante et impuissante.
Pourquoi selon vous votre thèse a-t-elle été récompensée ?
Comment le savoir ! Sans doute ai-je su contribuer à la recherche en montrant l’œuvre de Leo Strauss sous un nouveau jour, et par ailleurs, j’ai su orienter mon travail sur des enjeux actuels.
Je dirais simplement, et sans fausse modestie, qu’il entre aussi un facteur chance dans l’accomplissement d’une thèse.
Que diriez-vous par rapport à l’encadrement de thèse dont vous avez bénéficié ?
J’ai eu deux directeurs, et deux structures d’accueil.
A Créteil, sous la direction de Madame Castillo, j’ai été tout de suite invité par elle à participer à une journée d’études et donc à écrire et à publier rapidement. C’est aussi à Créteil que nous avons eu l’opportunité d’organiser, avec d’autres doctorants, une journée d’études sur l’art de gouverner, et même de commencer à organiser des ateliers de doctorants en philosophie politique. Cela n’existait pas à l’époque où je suis arrivé en doctorat.
J’ai découvert cette pratique de réunion de doctorants pour discuter d’un chapitre de thèse, d’un article... au centre Aron de l’EHESS. Cela me paraît extrêmement important car il est très facile de se sentir isolé sans cela.
Quels développements ultérieurs envisagez-vous pour vos travaux de recherche ?
J’ai signé un contrat avec les éditions du CNRS pour la publication d’un livre tiré de ma thèse, qui devrait paraître courant 2016.
Pour la suite, j’ai maintenant pour projet de mener une recherche sur la question de l’excellence et de l’amitié en politique. Il s’agit à la fois d’examiner l’attitude de nos démocraties libérales vis-à-vis de l’idée d’excellence, et de faire revivre les réflexions de certains philosophes classiques sur ces thèmes.
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