• Vie étudiante,

Le printemps arabe : une révolution poétique ?

Publié le 26 janvier 2016

Tunisie, Egypte, Syrie. Autant de révolutions, en 2011, que l’on a poétiquement nommées "printemps arabe". Dans une longue tradition culturelle, la poésie a joué son rôle dans ces mouvements insurrectionnels.

Le printemps arabe : une révolution poétique ? - A vous la parole (Myriam Mellouli)
Le printemps arabe : une révolution poétique ? - A vous la parole (Myriam Mellouli)
Le peuple, toujours le peuple mais avec une voix originale. Au-delà des affiches et des slogans stéréotypés. La voix de la poésie. Les poètes arabes du XXe siècle, dans la lignée de la tradition hugolienne du poète "rêveur sacré", la déchaînent contre l’oppression. Depuis fort longtemps. Dès 1923, en Tunisie, un poème d’Abou Kacem Chebbi dénonce le protectorat français : "La volonté de vivre". Il constitue le morceau de bravoure de l’hymne national tunisien : "Si le peuple un jour veut vivre, force est pour le destin de répondre." Sur ces mots, la Tunisie devient indépendante en 1956.

En Egypte, le poète Amal Donqol, appelé "Le Prince des protestataires" veut soulever le monde arabe dans la dispute sur la répartition des terres israélo-palestiniennes. En Palestine, le poète Mahmoud Darwich est nostalgique de sa terre d’avant l’occupation israélienne. Bref, en Tunisie, en Egypte, en Syrie, en Palestine, les poètes se font engagés.

Une révolution révolue ?
Mais aujourd’hui, qu’en est-il ? Si les deux vers de "La volonté de vivre" sont entonnés, chantés, criés pendant la révolution tunisienne de 2011, les poètes ne parlent pas d’une seule voix. "Il n’y a que les poules pour répéter : Printemps Arabe !", clame le poète irakien Saadi Youssef. Le syrien Adonis exalte surtout une révolution sociale, laïque et communiste. Mais la flamme n’en est pas moins intense.

Elle émane du tunisien Moncef Louhaibi avec son "Exercice du Vendredi 14 janvier 2011" ou du Qatari Mohamed al-Ajami : chacun des 15 vers de son "poème du jasmin" lui a valu une année de prison pour crime de lèse-majesté. La flamme poétique ne s’éteint pas et ne doit pas s’éteindre.

Myriam Mellouli
L3 Lettres
inscrite à l'option transversale "Journalisme et communication"