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Étudiants : #Générationdeflemmards ?

Publié le 22 octobre 2015

Université égale indépendance et maturité ? Voilà une des expressions qui me revenaient à l’esprit le jour où je m’y inscrivais. J’en viens à la questionner de plus en plus au fil de ma première année. La raison ? Le « je-m’en-foutisme », cette maladie frappant tant de mes camarades. Il me fallait en comprendre la genèse. Je me tournais alors vers mon professeur, Pierre de Montalivet, pour savoir ce qu’il en était 20 ans plus tôt, sur les bancs de sa fac.

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Article rubrique "A vous la parole" : Étudiants #Générationdeflemmards ?
Nous devions être au début du mois de novembre ; rassemblés comme quotidiennement en matinée dans ces amphithéâtres si imposants, des étudiantes prenaient du temps sur le cours pour prendre un « selfie ». Sourire, réarrangement, coiffage express… Une véritable organisation ! Il est vrai qu’à cet âge, et de nos jours, avec l’avènement des réseaux sociaux et des émissions de téléréalité cultivant l’amour du soi, on aime à se mettre en scène. Seulement voilà, cela arrivait en plein cours.

Ce cas n’est évidemment pas isolé : des élèves qui arrivent bien trop régulièrement en retard pour prétendre à une grève des trains, ou d’autres qui se dispensent tout simplement des cours magistraux, parce que « ça sert à rien ».

Fut-ce une minorité des étudiants, il me semblait que ma génération, bercée par l’autosatisfaction et habituée à la facilité, se désintéressait absolument des sciences.
Ma génération seulement ? Pas si sûr : d’après Pierre de Montalivet, professeur de droit public, 20 ans auparavant, pas de téléphone ni de téléréalité, mais les étudiants dissipés occupaient leurs heures de cours à bavarder et faire voler des avions en papier. Eh bien, on s’occupe comme on peut...

« Moi je sais pas. Je verrai. Y’a le temps »


Le juriste repense à ses années passées à ma place. « Un certain brouhaha régnait dans la salle », se souvient-il. De nos jours, les malfrats se font un peu plus discrets : le crime est plus subtil! En se penchant un peu, on peut voir la lumière des écrans, montrant bien que certains ne sont pas moins loquaces. Le professeur nous explique qu’à son époque, c’était peut-être dû à l’impérieuse architecture des amphithéâtres de Paris II. Distant physiquement du professeur, les étudiants étaient quelque peu « poussés » hors du cours.

Dans les années 90, les jeunes, déjà, choisissaient le droit par défaut sans savoir exactement ce qu’ils voulaient faire plus tard, affirme-t-il. Une étudiante de première année, Alena, confirme le caractère actuel de ce constat : « Moi, je sais pas. Je verrai. Y’a le temps. »

Etait-ce à cause d’un manque de soutien pour ces futurs bacheliers qui se perdent dans le tourbillon des possibles au moment du choix de leurs études ?

Toujours est-il que les choses ont changé. Et peut-être en notre sens. Le professeur de droit public explique que la vie étudiante a évolué en faveur du rapprochement entre étudiants et professeurs. Un « plan réussite en licence », initié par Valérie Pécresse en 2007, aurait permis ce plus grand soutien ; la réussite des étudiants a présidé à cette réforme. Aussi, ont été développés entre autre les tutorats, inexistants à l’époque de Pierre de Montalivet.

Il faut se rendre à l’évidence : nos conditions d’étude ne sont pas plus mauvaises aujourd’hui qu’auparavant. Une génération fainéante alors ? Au professeur de nous permettre de relativiser : la première année serait la plus « relax » de toutes. « Les étudiants devenaient cependant plus attentifs et sérieux avec les années ; la peur du chômage pouvait peut-être ici jouer un certain rôle. » Voilà un bon point pour nous !

Jeffrey Andrelan (L1 droit)
inscrit à l'option transversale "Journalisme et communication"